lundi, mars 24, 2008

Permis de conduire (2-2) suite et fin! Enfin!

Je poursuis ma tirade pour les plus motives qui ne peuvent renoncer a leur independance automobile.

Suite du Permis de conduire (2-1):
C'est alors que munie de mon recu "Guichet 7" je monte au 3 eme etage ou l'on me remet 3 facsicules type "code de conduite" tout en japonais en me demandant de me rendre salle 11. ...Super!

La salle 11, semblable a une salle de classe avec tableau au mur et TV dans le coin gauche de la salle, etait deja remplie d'une quinzaines de personnes ayant pris place chacune a une table. Je m'assis donc a mon tour et observant le message inscrit sur le tableau, j'apprend avec plaisir que je n'aurai pas a patienter trop longtemps: la suite des evenements allait commencer 1o mns apres. Mais je realise avec decouragement cependant que ce ne sera que le debut du compte a rebours des 2 heures annoncees. Il est 11h 20!

Un Sensei (professeur/litteralement: "celui qui est nee avant") arrive peu apres, s'assoit et attend l'heure inscrite au tableau, 11h30 a la seconde pres (reveil pose sur son bureau), pour commencer a precher sa bonne parole, sur le ton monocorde de celui qui recite par coeur pour la Nieme fois la meme chose. Personne ne venant jamais l'interrompre, comme il se doit dans le code d'enseignement nippon, pas de raison de modifier ses habitudes!

Il s'en suivit donc une bonne demi-heure ou je tentais de suivre le cours de son discours en japonais, ses commentaires armes de sa baguette telescopique sur les differents shemas colles au tableau et ses remarques sur des pages selectionnees dans les facsicules. Je suivais avec application tous changements de pages en commencant a me lasser de ses inutiles "desu ne" et "ne" a tous les coins de phrases. 
Le contenu de tout ceci (ce que j'en saisi "a tout le moins"...) me paru vite d'un interet assez limite, d'autant plus que mon estomac me rappelait qu'il etait l'heure de s'occuper de lui...

Changement d'activite a ce moment la, ouf! : ce n'etait pas la pause dejeuner, mais l'heure du film de "sensibilisation" (Da m'en avait parle). 
Grand moment ou certain tenterent de faire la sieste - les japonais dorment tout le temps partout (peine perdu, le sensei venant les reveiller au moindre signe de faiblesse)!

Tout commenca, comme je pouvais m'en douter par une scene d'accident de la route (je ne regardais pas trop de crainte que ma sensibilite de femme enceinte n'en soit affectee de maniere disproportionnee). Mais bon... quelques ambulances mais pas trop d'hemoglobine ni d'images chocs comme ma conception francaise de l'exercice pouvais me le laisser penser ("le poids des mots, le choc des photos'!). En fait, nous etions face a un telefilm de serie B chargee d'eveiller les consciences des "jeunes" automobilistes" que nous etions censes etre.

L'histoire en 2 mots (car evidemment, il y avait une histoire!): Un homme japonais rentre chez lui en voiture apres un diner arrose avec ses collegues de travail/ou amis (?). Il ne parait pas trop ivre (comme tout japonais qui roule sous la table apres 2 bieres), mais il semble fatigue, et pour autant, ne pas avoir bu que de l'eau. Il fait nuit, il pleut et le conducteur ne voit qu'au dernier moment 2 enfants qui marchent sur le bord de la route sous leur parapluie. C'est l'accident! 
Que font ces enfants tous seuls dans la nuit, a marcher sur le bord de la route?! Ca n'a l'air de choquer personne, et ne semble rien enlever a la credibilite du recit, tout en apportant le tragique necessaire a l'exercice d'explication! 
C'est la que ca devient interessant. La psychologie employee pour frapper les esprits est assez differente de celle a laquelle on pourrait s'attendre.

A partir de la, tout le tragique va etre axe sur la culpabilite du faiseur d'accident, non pas vis a vis des enfants accidentes a l'hopital, mais vis a vis de sa propre famille qui va etre detruite par sa faute!

Il lui est tres difficile d'annoncer a sa femme et ses enfants (pre-adolescents) ce qui est arrive. Et pour cause: ceux-ci ne le soutiennent pas du tout, et l'accablent de plus belle. La deterioration de l'equilibre familial s'engage et ne cesse de s'aggraver: le pere passe en jugement et est emprisonne. L'epouse frappee par la honte, doit quand meme se rendre dans la famille des enfants accidentes pour presenter ses excuses (dans les usages japonais!). Elle doit travailler pour subvenir aux besoins de la famille en faisant une succession de petites boulots eprouvants: plongeuse le jour, agiteuse de baton lumineux (type petit sabre de Jedi) la nuit pour indiquer les travaux sur la route (en France il existe des pantins qui bougent le bras, ici il s'agit d'un metier a part entiere).
Les enfants du conducteurs sont completement debousoles et n'en font plus qu'a leur tete perdant tout respect pour leurs aines (Oh!)!  La mere s'arrache les cheveux a essayer de leur rendre raison et ne sait plus comment gerer l'escalade de la situation. N'en pouvant plus, elle se jette sous un train. Le mari, en larmes, apprend la mort de sa femme, par lettre, dans sa cellule de prison.
Heureusement, le scenariste a pense a terminer par une note optimiste : on ne nous reparle qu'a la fin des enfants accidentes pour nous apprendre qu'ils s'en sortent! 
Ah quel soulagement!!!
The end

Ca en dit long sur les differences culturelles dans la maniere de frapper les esprits, et sur le fonctionnement et le poids de la famille au Japon. Beau support pour le debut d'une belle etude sociologique! Pour une autre fois, peut-etre...

Il est 12h20 et le sensei nous octroi 10 mns de pause "o tearai" (toilettes). Sympa! Et le dejeuner? Heureusement que j'avais un Onigiri dans mon sac!

12h30: Reprise
Je vois chacun prendre la peine d'aller chercher un empitsu (crayon a papier) a disposition dans une boite sur le bureau du sensei. Serait ce le signe d'un test qui approche? (Au Japon, tous les examens se deroulent munis exclusivement d'un crayon a papier et d'une gomme! Etonnant non?! Ca en dit long egalement sur les concepts d'integrite et de confiance dans la culture nippone!... ce n'est toujours pas l'objet du jour). Le sensei arrive et nous distribue, en effet, un quiz tout en japonais. Mais je repere qu'il precise par 3 fois qu'il ne s'agit pas d'un test et tous les participants autour de moi sont d'ailleurs etonnamment zen. Donc pas de quoi s'inquieter de ne rien comprendre aux questions. Tout le monde s'affaire pourtant autour de moi a noircir les cases, sauf moi evidemment.

Une fois le quiz termine, pas de ramassage de copies, pas de corrections comme je m'y attendais, mais une simple reprise de la litanie du sensei faisant reference de temps a autre aux pages des brochures...
Alors la, Raz le bol! Je decroche...
Ma derniere demi-heure, pour eviter de m'endormir, sera juste consacree a un comptage minutieux de l'ensemble des "Neeee" et "Desu Neeee" dont il nous gave les oreilles depuis le debut. 
Resultat sur 1/2 heure : 34 "Neee" et 149 "Desu Neee", soit, par approximation, en 1 heure et demi (forcement il n'a rien dit pendant le film!) : 102 "Neee" et 447 "Desu Neee".  
Belle performance de style de la part de notre orateur!

13h30 : Liberation! Nous passons en rang les uns apres les autres devant notre sensei venere pour recolter un joli tampon sur notre recu donne au Guichet No7! Whouaou!!!

Maintenant, il faut faire la queue pour enfin se debarasser de ce maudis recu "guichet 7", trimbale depuis plus de 2 heures, contre lequel on va nous remettre notre nouveau permis tout beau tout neuf! 
Enfin!!!! le calvaire est termine.

Je reprend les escalators qui me ramenent au Rc et me dirige vers la sortie avec soulagement, quand retournant mon permis je vois, oh stupeur! que mon adresse n'avait pas ete changee....:
1- tant pis, raz le bol, j'y vais...
2- ils risquent de me faire revenir juste pour ca ces ...!!!! Grrr!!!!

J'explique mon probleme au guichet "informations". La, la dame prend mon permis et traverse en courant le hall, me faisant signe de la suivre (a mon pas SVP!). Elle passe devant tout le monde a un guichet ou je n'etais meme pas allee, pour expliquer mon probleme (ah! c'est bien ca! enfin un peu d'efficacite). 
On me fait remarquer, a ce moment la, que je n'ai pas fait mention de mon changement d'adresse!!! La bouche ouverte, spontanement je m'apprete a riposter et a mettre en cause la preposee du guichet 1 (pour ceux qui ont suivi...), mais... je me ravise finalement, ca ne ferait que ralentir les manoeuvres, et je me contente d'un simple "Ah! Gomenasai" (Ah! Toutes mes excuses!) en faisant ma plus belle tete de bobette qui n'a rien compris. 
On prend de la graine en 3 ans et demi, et on finit par comprendre qu'ici tout est toujours plus efficace et plus rapide quand on commence par s'excuser!

On m'invite alors a m'asseoir (vu mon etat!) et a patienter. Quelques minutes plus tard, j'entend prononcer mon nom (deja!). On me rend mon permis avec un petit mot en kanji et un plan, en me demandant de remonter au 4eme (Grrrr!) au guichet indique sur le plan!
Me voila repartie...

Mais la, mon histoire touche vite a sa fin car dans le guichet en question ("atelier" de fabrication des cartes de permis), on est deja au courant de ma venue, et en train de s'affairer a faire les modifications necessaires. 

Quelques minutes plus tard, un nouveau permis en main "tout beau, tout neuf", je renouvelle platement mes excuses et mes remerciements a la preposee modificatrice, et me depeche, enfin, de sortir de la, pour faire une pause bien meritee dans le Starbuck Coffee le plus proche.

OUF, c'est finit! Rendez-vous dans 3 ans!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce que j'ai rit sur ces laïus concernant le permis de conduire!! (surtout avec les "Nee" et "Desuneee")
Merci!

Apres 8 ans ici je n'ai passe que la premiere etape cette annee!

Marie a dit…

Moi, je suis toujours aussi fan de ces récits. Ca donnerait presque envie de quitter le Japon, avant d'avoir passé cette épreuve du renouvellement de permis.

Anonyme a dit…

J'ai adoré ton récit!

Anonyme a dit…

Quelle galère dis donc ! En ce moment Fabien aussi s'arrache les cheveux (qu'il a rasé!!): il n'arrive pas à faire 5 fautes ou moins lors des cours de code (objectif: passer le permis moto et il faut repasser le code si on l'a depuis plus de 5 ans...) !
Bisous
Elis